Alex Latotzky

Claude os, aperi oculo

 

Après s’être empressé de libérer les camps de concentration fascistes d’Allemagne, le gouvernement soviétique les a immédiatement réutilisés à ses propres fins : à savoir la détention de criminels nazis et globalement de tous ceux qui étaient considérés comme des ennemis du socialisme. Hommes et femmes, enfants et vieillards.

Au moins 122.671 personnes se sont retrouvées dans un de ces camps d’Allemagne entre 1945 et 1950, et au moins 42.889 d’entre elles n’y ont pas survécu. Elles sont mortes de faim, de froid, de maladie, de mauvais traitements et d’une multitude d’autres causes. « Avec plus de 12.000 décès par la faim et le froid, la dysenterie, la dystrophie, l’amibiase, la tuberculose, ou d’autres maladies, le taux de mortalité au camp de Sachsenhausen fut aussi élevé qu’à l’époque du national-socialisme, où s’ajoutaient encore les détenus assassinés au gaz, par pendaison ou par balles », raconte le Dr. Günter Morsch, directeur du mémorial de Sachsenhausen, à l’occasion de l’inauguration du musée du camp spécial soviétique de Sachsenhausen en décembre 2001.

Ceux qui ont été jugés par un tribunal militaire soviétique peuvent aujourd’hui exiger une révision de leur procès à Moscou. D’après les renseignements donnés par la juridiction militaire russe, plus de 75% d’entre eux ont été réhabilités jusqu’à 2001, pour la simple raison qu’ils étaient innocents. Cette simple demande de réparation n’aboutit pas pour la majorité des anciens détenus, qui ont été envoyés en camps de façon purement arbitraire, sans passer par un tribunal.

Depuis, grâce aux souvenirs des survivants et aux documents disponibles, j’ai réussi à réunir les noms de plus de 80 enfants ayant eu un destin similaire au mien. Certains d’entre eux ne sont plus en vie, mais depuis 1998 j’organise des rencontres de mères et d’enfants, au cours desquelles nous échangeons nos souvenirs, nos expériences. J’ai également écrit un livre sur ce sujet, paru lors de la quatrième édition du forum de Leipzig, et ai participé à un travail de documentation sur la question.

Après avoir vécu des années à Berlin, j’habite aujourd’hui dans un petit village de la région de Prignitz, à environ une heure de Berlin. Cependant je séjourne régulièrement à Berlin pour mon travail. Mes deux enfants y vivent. Que puis-je dire d’autre sur moi ? Je suis marié, ai deux enfants aujourd’hui adultes, travaille en tant qu’auteur et suis professeur indépendant en formation politique.  Je suis également membre d’autres associations.

 

Au fil de ces pages je souhaiterais vous informer, à titre d’exemple, sur ma propre histoire, celle d’une enfance passée derrière des barbelés. Il s’agit d’une partie de l’histoire allemande d’après-guerre encore inconnue du grand public. Depuis la réunification de l’Allemagne je fais des recherches sur des femmes qui, en tant que prisonnières politiques, ont mis un enfant au monde dans un des dix camps soviétiques d’Allemagne ou dans une prison de la RDA.

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